- MONGO
- MONGOLes Mongo habitent la forêt équatoriale qui occupe, dans le nord du Zaïre, la cuvette limitée par la boucle du Congo à l’ouest, au nord et à l’est, et par le Kasaï au sud. Ils parlent une langue bantoue diversifiée en dialectes. Les principales communautés qui constituent l’ensemble mongo sont, à l’ouest, les Mongo proprement dits, les Ekonda, les Nkundo, les Mbole; au sud-est, les Tetela, ethnie de Lumumba. Le groupe entier était estimé à environ quatre million et demi en 1990.Économie et organisation socialeAvant l’arrivée des Européens, les Mongo exploitaient leur biotope forestier de diverses façons. La chasse, activité masculine, était restée importante. On la pratiquait individuellement ou en groupe, par poursuite, encerclement ou piégeage. Le partage du butin entre la parenté était soumis à des règles précises. La pêche était pratiquée par ceux qui vivaient près des rivières. La cueillette de fruits sauvages, de champignons, de tubercules et la récolte de miel, de chenilles et larves du bois fournissaient un appoint alimentaire. Dans les clairières, la culture principale était celle du manioc; puis venaient le maïs et l’igname, la canne à sucre et certains légumes.Poterie, vannerie, taille d’objets de bois sont des artisanats encore florissants. Les fonderies de fer, jadis renommées, ont disparu. Les forgerons ne fabriquent plus que l’outillage de la chasse et de la pêche; un rituel compliqué témoigne de leur importance passée. En plus des armes et des outils, ils battaient les monnaies: bracelets et chevillères de cuivre, lances de fer laissées à l’état d’ébauche. Ces objets, dotés d’une valeur conventionnelle précise, circulaient dans tout le pays mongo et au-delà.Les Mongo n’avaient pas d’organisation politique unifiée. Le pouvoir était détenu par les chefs des lignages patrilinéaires. Sur le plan territorial, ces lignages correspondaient au village, ou à une partie de village. Les lignages, qui ne cessaient de se segmenter, étaient exogames des côtés paternel et maternel. L’accueil des parents, spécialement du côté maternel, constituait une obligation. L’ethnologue G. Murdock, examinant les termes de parenté des Mongo occidentaux, y décèle les vestiges d’une ancienne organisation matrilinéaire. Dans la terminologie, en effet, on retrouve le modèle Crow classique, qui est associé partout ailleurs avec la descendance matrilinéaire. Cette anomalie est expliquée par l’institution de la nkita : lorsqu’une fille se mariait, les biens matrimoniaux reçus pour elle pouvaient être utilisés pour procurer une épouse à l’un de ses frères. Cette épouse était la nkita de sa belle-sœur, qui elle-même devenait nkolo . Les fils de la nkita ne pouvaient hériter de leur père que parce que celui-ci avait employé les biens de mariage de sa sœur pour épouser leur mère; la succession patrilinéaire était donc justifiée par une raison qui relève de l’ordre matrilinéaire. D’autre part, les fils de la nkolo avaient des droits sur leur oncle maternel, le mari de la nkita : il était obligé de leur donner les biens nécessaires à leur mariage si leur propre père ne pouvait le faire, et, dans ce cas, ils passaient avant les fils de la nkita . Ainsi, chez les Mongo, les survivances du système matrilinéaire jouaient dans les cas où le patrilignage était déficient. Elles sont donc justifiées fonctionnellement.Justice et guerreLa justice était rendue jadis, sans appel, par le patriarche du lignage, qui lui-même n’était soumis qu’aux ordres des dieux et aux lois des ancêtres. En général, le juge était plus soucieux de réparation des dommages causés à autrui que de punition. Cette préoccupation s’étendait même au domaine de la guerre. Comme en témoigne leur épopée Lianja , les Mongo appréciaient les prouesses guerrières. Leurs minuscules unités politiques en arrivaient parfois au conflit, pour des motifs divers allant de la vengeance à la conquête. Les membres d’une chefferie apparentés au camp opposé ne pouvaient se battre et servaient d’arbitres. Lorsque le nombre des morts était égal de part et d’autre, cinq étant considéré comme un chiffre très élevé, les hostilités étaient suspendues et l’on se mettait à discuter sur les causes du conflit. Les fauteurs de guerre étaient condamnés à dédommager les victimes. Les femmes enceintes étaient toujours épargnées. Les prisonniers non rachetés étaient conservés comme esclaves.Art et religionLes Mongo ne sont pas sculpteurs. Leur créativité s’exprime par la danse et la littérature orale, arts tout imprégnés de leurs conceptions religieuses.Chez les Mongo occidentaux, spécialement les Ekonda, des troupes de danseurs dirigés par un maître de ballet exécutent des sortes de comédies musicales parfaitement réglées. La plus connue, appelée bobongo , a été créée au XIXe siècle par un danseur renommé. Il existe encore de nombreuses troupes de bobongo , exclusivement masculines ou féminines. Les tableaux se succèdent selon un schéma unique, qui toutefois autorise les inventions du maître de ballet. Ces innovations ne peuvent pas être copiées par une autre troupe. Une part est laissée aussi à l’inspiration de chaque exécutant, qui peut s’adresser à un spectateur pour le louer ou le blâmer. Art vivant et traditionnel au niveau de l’exécution, il l’est aussi au niveau de la pensée. En effet, un danseur de bobongo se doit de partager et d’exprimer toutes les conceptions religieuses et morales des Ekonda. Les danses sont entrecoupées par de longs rituels où sont invoqués les génies bilima , intermédiaires entre le dieu créateur et les hommes, ainsi que les esprits des morts. Bontala, génie protecteur de la danse, est tout spécialement révéré. Avant le spectacle, les acteurs sont soumis à des interdits; s’ils ne les observent pas, ils risquent la honte de l’insuccès.Le «livret» du bobongo est aujourd’hui encore riche en commentaires moralisateurs: condamnation du vol, de la prostitution, de la jalousie, de l’amour libre, de l’égoïsme, de l’individualisme, du mensonge. Les vertus louées sont la dévotion aux forces invisibles, le respect de l’autorité, l’amour du prochain, l’hospitalité, le mariage, la continence, la pudeur verbale, la patience, le courage. Une partie historique rappelle l’origine des Ekonda, les guerres, les victoires passées et parfois l’arrivée des Européens.Les Mongo orientaux pratiquaient aussi l’art de la danse, mais de façon moins formelle. Ainsi lors du lukutu , fête des alliances matrimoniales chez les Hamba, voisins des Tetela, les Nkumi, membres d’une confrérie qui partageait avec les aînés de lignage le pouvoir politique, apparaissaient le visage peint de lignes et de points rouges et blancs, la bouche fermée par une aiguille ou un brin d’herbe, splendide symbole de secret et de silence.Mongo ou Bamongopopulations occupant la cuvette centrale de la rép. dém. du Congo (près de 6 millions de personnes). Elles parlent une langue bantoue.
Encyclopédie Universelle. 2012.